Certains hommes politiques n’ont qu’une carrière tumultueuse, Philippe Séguin aurait-il un destin ? Celui d’un enfant de Tunis dont le camp naturel n’est ni la droite, ni la gauche, mais la République, avec un grand R, qui a redonné ses lettres de noblesse à un combat politique terni par les affaires. Esprit indépendant et volontiers frondeur, Philippe Séguin ne se reconnaît pas plus dans une bourgeoisie égoïste, fascinée par la recherche du profit, que dans une gauche confite dans ses certitudes, à laquelle il reproche d’avoir cyniquement ressuscité l’extrême droite. Après avoir été député, ministre, puis président de l’Assemblée nationale, il s’est attelé, depuis juillet 1997, à la reconstruction d’un RPR affaibli par sa cuisante défaite aux élections législatives. Obligé de composer avec Jacques Chirac, avec lequel il a des relations complexes, il a avalé bien des couleuvres et perdu de sa verve antieuropéenne. Mais cette évolution n’est pas un renoncement. Seule personnalité d’envergure à avoir survécu au naufrage de la « droite Titanic », Philippe Séguin sait que, en 2002 ou 2009, il devra la conduire à la reconquête du pouvoir. « Grande querelle » qu’il entend mener de manière fort gaullienne. Cette biographie passionnante, ni hagiographique ni partisane, remarquablement renseignée sur les zones d’ombre comme sur les années de jeunesse, donne à comprendre le cheminement et la construction d’une personnalité politique incontournable.