Ils ont passé moins d’une heure ensemble sur les bords de la Seine, dans l’éblouissement d’un dimanche de Pentecôte ensoleillé. Elle lui a promis de l’attendre, car il n’a que dix-huit ans. Des années durant, il espère la revoir. Plus qu’un rêve de bonheur, plus qu’un idéal féminin, elle continue d’incarner à ses yeux ce sentiment presque mystique qu’on appelle la grâce, sur lequel le temps semble sans prise. Lorsque le hasard les réunit à nouveau brièvement, elle est mariée et mère de deux enfants. Ces heures passées à l’adorer malgré l’absence doivent-elles être rangées parmi les illusions éthérées, les folies romantiques ? Non. Il y a plusieurs façons de vivre l’absolu d’un immense amour. Lui en fera un roman au lyrisme subtil et mystérieux, à la recherche des étranges paradis perdus. Ainsi naîtra Le Grand Meaulnes. S’il retrace la vie d’Alain-Fournier jusqu’à sa mort au champ d’honneur en 1914, ce récit est moins une biographie que l’exploration d’un « paysage amoureux » unique, qu’une rencontre fugace a illuminé pour toujours. Exploration littéraire aussi, qui remonte aux sources d’inspiration d’une des oeuvres les plus célèbres de la littérature française.