En 1964 s’ouvrait la première ambassade de France en Chine. Loin de faire l’unanimité, la courageuse décision du général de Gaulle provoqua des réactions passionnelles. Cinquante ans plus tard, où en sommes-nous avec la Chine ? L’avenir de la deuxième puissance économique mondiale est-il aussi rose que le laissent croire ses chiffres mirobolants ? Quel rôle joue réellement l’Empire du milieu sur la scène internationale ? Dans sa livraison de décembre la Revue des Deux Mondes s’est mise à l’écoute d’un pays complexe, difficile à appréhender.
Pierre Morel, ambassadeur à Pékin entre 1996 et 2002, retrace huit siècles d’histoire franco-chinoise qui furent ponctués de rencontres, d’échanges, d’accords et de désaccords. Dans sa chronique diplomatique, François Bujon de l’Estang s’intéresse aux quatre dernières décennies qui virent passer la Chine d’un état humilié et déchu à une société fière et riche ; si les gouvernants restent discrets sur le plan international et se gardent bien de livrer un quelconque message à vocation universelle, ils multiplient en revanche les initiatives spectaculaires à l’intérieur du pays et dans l’environnement proche. Le philosophe et sociologue Yu Hai explique pourquoi la Chine ne souhaite pas devenir le numéro un mondial. Dorian Malovic, lui, nous fait part d’un point de vue réaliste et pragmatique : l’Empire du milieu doit se résoudre à aller au bout de ses réformes sinon il s’effondrera. Pour l’universitaire Wang Zhenmin, l’avenir se construira sur un état de droits ou ne se construira pas. L’économiste Li Wei analyse un problème crucial : le vieillissement de la population chinoise. Enfin Michel Crépu rend un bel hommage à Simon Leys, brillant sinologue qui dénonça avant tout le monde les exactions du régime maoïste et l’aveuglement de certains intellectuels occidentaux.
Également au sommaire, un entretien exclusif avec Robert Silvers, le directeur de la célèbre New York Review of Books qui fête son cinquantième anniversaire.