“Un homme ne se révèle que s’il vous livre ses racines. Et il m’aura fallu attendre de lire son manuscrit pour saisir d’où venait cette fibre journalistique, et où Daniel Morgaine avait puisé son infatigable énergie, son ambition, son amour du vagabondage professionnel, sa curiosité des êtres. Ce sont les premiers chapitres de l’ouvrage, les plus émouvants, sans aucun doute, et qui racontent l’enfance du juif parisien ; les étranges années de « l’Occup’ » ; la confusion entre le « grand jeu » des scouts et celui de la vie ; les débuts au service des sports de « France-Soir », avec l’irruption, dans l’existence de ce jeune Tintin sans Milou, de personnages gigantesques et pittoresques ; l’irremplaçable école du Tour de France cycliste ; les coups de culot et de bluff permanents qui permettent au jeune homme de se retrouver à Londres sans avoir jamais appris l’anglais, son compagnonnage contradictoire avec un grand aristo racé et distant ; tous les événements, ses « scoops » que Morgaine attribue avec modestie le plus souvent à la chance — mais Napoléon affirmait que seuls les mauvais généraux avaient de la malchance, et Pierre Lazareff m’a plus ou moins dit la même chose, un jour où je commettais l’erreur d’invoquer la déveine...”